Les piles de la rue Radisson

À l’extrémité de l’ouvrage, les dernières piles conservées de l’aqueduc du Gier sont localisées de part et d’autre de la rue Radisson (Lyon 5e). Représentées avec plus ou moins de précision sur de nombreux plans anciens de Lyon, elles sont signalées comme un témoignage remarquable du passé antique de Lyon.

Un relevé du XVIIIe siècle effectué par G.-M. Delorme sur ce tronçon montre la présence d’un réservoir de fuite (à l’arrivée du pont siphon du vallon de Trion) et sept piles encore en élévation. L’examen de ces vestiges lui permet de restituer logiquement trois piles disparues dont le tracé peut être aisément compléter au regard des éléments d’architecture subsistants. La construction de nouvelles fortifications au XIXe siècle aura finalement fait disparaître la pile du réservoir de fuite.

À l’exception d’une seule pile dégagée en 1958, les piles qui sont encore visibles aujourd’hui sont plus ou moins engagées dans des constructions des XVIIIe et XIXe siècles (bâtiments ou murs de clôture). Elles sont inscrites à l’inventaire des monuments historiques depuis 1964. Exposées aux intempéries, les piles du nord de la rue dont le sommet était à l’air libre bénéficient depuis une quinzaine d’années d’une couvertine de protection en ardoise. La topographie de la ville ayant changé, les trois piles les plus à l’est sont largement déchaussées et laissent apparaître leurs fondations profondes.

Les piles de la rue Radisson permettaient de hisser l’eau de l’aqueduc au point le plus haut de la ville antique (environ 300 m ngf) et d’alimenter potentiellement les plateaux de Fourvière et de la Sarra.

Ce sont par ailleurs les seules piles à pénétrer à l’intérieur de l’enceinte de Lugdunum et à devoir probablement s’adapter aux constructions déjà présentes : la voie d’Aquitaine et l’extrémité sud du cirque. Ces contraintes urbanistiques expliquent peut-être le tracé en baïonnette de l’aqueduc qui se décale brutalement d’un côté à l’autre de la rue. L’examen des piles du côté sud soulève d’autres interrogations archéologiques, notamment le niveau supposé du sol antique qui change brutalement d’une pile à l’autre.

La dernière pile dessinée à l’est par G.-M. Delorme a été largement amputée et intégrée dans une maison peu de temps après son relevé. Il avait représenté une pile tournant à 90° vers le sud modifiant encore le tracé à venir de l’aqueduc, mais aucun indice archéologique ne permet une restitution assurée de la suite du parcours du monument. Une opération d’archéologie préventive menée dans l’urgence par le Service archéologique de la Ville de Lyon, en 2018, a permis l’observation de cette pile atypique. Cette étude n’a pas permis de confirmer l’interprétation de G.-M. Delorme sur l’élévation de la pile (notamment endommagée par la pose de canalisations à la fin des années soixante), par contre elle a révélé des éléments de fondation totalement inattendus. Ainsi, parfaitement lié à la construction initiale de la pile, un simple mur se dirige sur quelques mètres vers le nord-est. Cette découverte ouvre plus de questions qu’elle n’apporte de réponses et, sans modifier le parcours supposé de l’aqueduc, permet d’imaginer des constructions partiellement enterrées à la base de la dernière pile connue.

Les fouilles réalisées à Lugdunum semblent montrer que l’aqueduc romain du Gier allait jusqu’à Fourvière.

Plusieurs citernes ont été découvertes qui semblent reliées à cet aqueduc. Les fouilles qui continuent permettront peut-être une meilleure connaissance de l’arrivée de cet aqueduc.